Alors que les bâtiments tertiaires doivent relever le défi de la transition énergétique, l’éclairage reste un levier de performance encore trop souvent négligé. Pourtant, une étude récente menée par l’Ademe, le Ceren et le Syndicat de l’éclairage met en avant les avantages économiques et écologiques d’une modernisation bien planifiée.
Malgré un cadre réglementaire clair, la conformité aux exigences reste insuffisante. L’arrêté du 3 mai 2007, applicable depuis 2018, impose des normes strictes en matière de performance énergétique lors des travaux de rénovation. Pourtant, une large majorité des établissements de moins de 1 000 m² ne respectent pas ces obligations, et dans l’ensemble du secteur tertiaire, près de 70 % des rénovations d’éclairage ne sont pas conformes. L’installation de sources LED a progressé au cours des dernières années, passant de 28 % en 2020 à 46 % en 2022, et 84 % des bâtiments tertiaires utilisent désormais au moins une source LED. Cependant, l’automatisation reste trop peu répandue : seuls 35 % des espaces sont équipés de détecteurs de présence et à peine 11 % disposent d’un système de gradation lumineuse en fonction de la lumière naturelle. Ce retard dans la modernisation prive les bâtiments tertiaires d’un potentiel d’économie d’énergie considérable. L’éclairage représente aujourd’hui une consommation annuelle de 25 milliards de kWh dans le secteur non résidentiel. L’intégration des LED et des systèmes de pilotage automatique pourrait réduire cette consommation de moitié, avec une diminution supplémentaire de 20 à 30 % grâce à des automatismes intelligents. Cette optimisation ne se limite pas aux économies financières. D’un point de vue environnemental, elle permettrait de réduire drastiquement les émissions de CO2, passant de 1,6 million à 650 000 tonnes par an, un progrès significatif pour les objectifs de décarbonation.
Pour réussir cette modernisation, plusieurs éléments doivent être pris en compte. Il est essentiel de choisir des solutions durables et conformes aux réglementations en vigueur, tout en s’assurant de la fiabilité des équipements installés. Avant un déploiement à grande échelle, il est recommandé de tester les dispositifs afin de vérifier leur efficacité et leur adaptation aux besoins des bâtiments. L’intégration de systèmes connectés favorise une gestion plus souple et une supervision à distance, offrant ainsi une meilleure optimisation des performances énergétiques. Enfin, exiger des garanties alignées sur la durée de vie des équipements constitue un levier essentiel pour sécuriser ces investissements et garantir leur efficacité sur le long terme.
Loin d’être un simple détail technique, la rénovation de l’éclairage représente un enjeu stratégique pour l’efficacité énergétique des bâtiments tertiaires. Une approche rigoureuse et anticipée permet non seulement d’alléger la facture énergétique, mais aussi d’améliorer le confort des occupants tout en réduisant l’impact environnemental.